Le bison

Si il y a un animal qui a bien marqué l'histoire saskatchewanaise, c'est bien le bison. Ayant passé à un cheveu de l'extinction, ce gros mammifère a changé le destin des premières Nations des Prairies. D'abord source de richesse pour les autochtones, le bison est devenu une cause de vulnérabilité à mesure qu'il disparaît.

Avant l'arrivée des Européens dans les Prairies, les Autochtones chassaient déjà le bison depuis longtemps. Chaque partie de l'animal pouvait être utilisée pour fabriquer : des vêtements, des abris, des couvertures, des armes, de la corde, des outils, des jouets, des bijoux, des chaussures, des ustensiles, de la colle, des chandelles, et surtout, de la nourriture. La viande, une fois séchée, peut être mélangée à de la graisse pour en faire du pemmican, qui se conservera durant des mois.

À mesure que les Européens intègrent le continent à la recherche de fourrures, le bison se fait de plus en plus en demande. En effet, le pemmican constitue la nourriture de base pour les voyageurs. Toute une industrie du pemmican se développe chez les Autochtones et les Métis et la chasse au bison n'est donc plus une chasse qui sert uniquement à la subsistance. D'ailleurs, l'utilisation du cheval et de l'arme à feu augmente les prises et facilite la chasse qui devient de plus en plus efficace. L'industrie du pemmican devient si importante, que la proclamation du pemmican, prononcée par le gouverneur MacDonnel, et l'interdiction de chasser le bison à cheval créera des confrontations armées. À mesure que la colonie se développe, la dépendance au pemmican devient moins importante, car les colons fabriquent désormais leur propre nourriture. Le bison demeure cependant la source de nourriture principale pour les Autochtones et les Métis.

Ce n'est qu'au courant du XIXe siècle que le déclin des populations de bison commence vraiment à se faire ressentir. D'abord, les colons défrichent et ensemencent la terre de sorte que les pâturages où mangent les bisons se font de plus en plus rare. L'arrivée du chemin de fer permet également aux chasseurs de tirer le bison à même le train en marche. Les peaux de bisons deviennent très en demande car elles sont utilisées comme courroie dans la machinerie industrielle. Le train en permet le transport vers les États-Unis et vers l'Est canadien. Une grosse partie du massacre provient cependant des États-Unis. Le gouvernement encourage le massacre des bisons afin d'affamer les nations Autochtones. L'opération a pour but de les forcer à vivre dans des réserves. Le personnage de Buffalo Bill est un exemple concret de la politique américaine à l'égard des populations de bisons. Les chasses continuent d'affaiblir les troupeaux au point de frôler l'extermination.

Au Canada, la dépopulation du bison se fait ressentir à partir de 1870. Les déplacements des troupeaux deviennent irréguliers. Il y a même des années où certaines régions ne sont plus visitées par les troupeaux. En revanche, lorsqu'ils sont repérés dans un secteur, les Métis et les Autochtones se lancent à la chasse et font un tel massacre que les périodes de pénurie suivent les période d'abondance, et la famine s'installe, jusqu'à ce que le prochain troupeau soit repéré puis exterminé encore.

La famine crée des tensions entre le gouvernement canadien et les Autochtones. Lorsque les Autochtones ne trouvent plus à manger, ils réclament des rations de nourriture auprès du lieutenant-gouverneur. C'est d'ailleurs un de ces épisodes de disette que raconte Henriette Forget en 1879, alors que son mari est confronté à des Amérindiens menaçants qui ont pris d'assaut le terrain entourant sa maison. Il y a aussi des Amérindiens venus des États-Unis qui fuient l'armée américaine, comme Sitting Bull. Leur présence en terres canadiennes crée des tensions avec les Autochtones canadiens, qui peinent déjà à trouver de la nourriture.

Finalement, après plusieurs années difficiles, les dernières expéditions ont lieu de 1880 à 1883. Alors qu'au début du XIXe siècle, on retrouvait environ 60 millions de bisons en Amérique du Nord, on n'en compte plus que 750 en 1890. Aujourd'hui, l'espèce atteint les 350 000 individus.

Le destin de l'espèce est intimement lié au sort des Autochtones canadiens et américains. Sans bison, ils sont vulnérables et se résignent à accepter de vivre dans des réserves. L'histoire des Prairies est donc fortement marquée par cet animal emblématique.

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