Les Autochtones sont les premiers à avoir peuplé les Prairies. C'est pour cette raison qu'ils sont appelés les Premières Nations. À l'arrivée des premiers Européens, venus dans l'ouest à la recherche de fourrures, des mélangent se créent pour former une nouvelle nation, mi-canadienne-française et mi-autochtone, que l'on appelle Métis. Ces deux nations ne sont pas des ombres dans l'histoire canadienne. Ils sont non seulement présents sur le territoire, mais leurs actions influencent le cours des événements.
D'abord, lorsque les Territoires du Nord-Ouest sont créés, sur ses 50 000 habitants, 25 000 à 35 000 habitants sont des Autochtones. Il y a environ 2000 blancs travaillant dans les postes de traite de la Compagnie de la Baie d'Hudson et habitant dans de petites communautés, et le reste sont des Métis, pour la plupart venus du Manitoba vers 1869-1870. D'ailleurs, leur arrivée causera des conflits avec les Cris et les Sioux habitant cette région à ce moment.
En 1873, la Police à Cheval du Nord-Ouest (PCN-O) est créée et elle gagne rapidement la confiance des Autochtones. Lorsque Sitting Bull arrive au Canada accompagné de milliers de Sioux, poursuivis par l'armée américaine après la bataille de Little Big Horn, il s'allie à Jean-Louis Légaré de la region de Willow Bunch et au major Walsh de la PCN-O. La présence de Sitting Bull ne plaisait ni au gouvernement canadien, ni aux Autochtones canadiens qui ne voulaient pas partager leur territoire de chasse au bison, celui-ci commençant déjà à se faire rare. En 1879, il y a pénurie de bison et Sitting Bull et ses Sioux, affamés, cèdent et retournent aux États-Unis, acceptant d'aller vivre dans une réserve.
En 1880, les Amérindiens sont toujours majoritaires dans les Territoires du Nord-Ouest. Cependant, la vie par la chasse tire à sa fin, car le bison manque, l'espèce étant presque éteinte. La disparition de leur principale source de nourriture permet au gouvernement de les convaincre de signer des traités Les des affaires indiennes réduisent les rations de nourritures de telles sortes qu'en 1883, plus de 3000 Amérindiens sont affamés. Le superintendant Crozier de la Police à cheval du Nord-Ouest prévient le gouvernement du danger que cette situation pourrait causer, mais le gouverneur Dewdney tient bon. Plutôt que de demander des rations de nourriture, il demande du renfort armé qu'il obtient. Deux chefs cris se soulèvent : Big Bear et Pound Maker. Ceux-ci unissent les Cris. De son côté, Dewdney interdit les rassemblements. Les liens d'amitié sont désormais brisés entre la Police à Cheval du Nord-Ouest et les Amérindiens.
De leur côté, les Métis ont d'autres problèmes. Leur économie tourne autour de petites fermes, de chasse, de pêche et du commerce qu'ils font avec la Compagnie de la Baie d'Hduson qui leur fournit nourriture et transport. Le commerce des fourrures en déclin et l'arrivée des bateaux à vapeur ébranle leur mode de vie. Plusieurs se sont déplacé le long de la rivière Saskatchewan et demandent des terres à Ottawa, qui décline leur demande. Les Métis n'ont pas de droits. Ils ne sont considérés ni comme des colons, ni comme des Autochtones. Ils n'ont pas le droit d'entrer dans les réserves, pas droit aux rations de nourriture, pas d'accès à l'éducation. Ils se rappellent ce qui s'est passé à la Rivière Rouge. En 1883-1884, ils s'associent à la « Manitoba and North-West Farmers Union » et ajoutent leurs revendications aux leurs, par le « Bills of Right ». Sir John A. Macdonald ne répond pas et Louis Riel est appelé en renfort.
Louis Riel a changé beaucoup depuis la révolte au Manitoba en 1870. Il semble avoir eu une illumination religieuse et se nomme prophète plutôt que président d'un gouvernement provisoire. Il ne réussit pas à rallier les premières nations à sa cause et perd l'appui des colons blancs. Il commence tout de même sa révolte armée, avec Gabriel Dumont en charge des affaires militaires.
Un premier affrontement a lieu entre la Police à Cheval du Nord-Ouest et les Métis à Duck Lake. La bataille dure 30 minutes et fait 5 morts du côté des Métis contre 100 du côté de la PCN-O. Ces derniers se retirent à Prince-Albert. Durant ce temps, des groupes d'Autochtones isolés perpétuent des actes de violence et provoquent l'insécurité chez les colons. La Police à Cheval du Nord-Ouest reçoit 8 000 hommes en renfort, accompagnés de canons et d'une « Machine gun ». Ce que Riel n'avait pas prévu, c'est que depuis sa révolte au Manitoba, le chemin de fer a été construit, permettant au gouvernement d'envoyer du renfort à une vitesse éclair.
La bataille de Fish Creek fait 10 morts et 45 blessés chez la PCN-O et 3 morts et 3 blessés chez les Métis. À Batoche, la bataille dure 3 jours, jusqu'à ce que les Métis manquent de munitions et sonnent la retraite. Gabriel Dumont fuit vers les États-Unis alors que Louis Riel se rend. Poundmaker, qui avait empêché ses troupes de massacrer les officiers de la PCN-O à Cutknife, dépose les armes.
Au procès, le juré ne contient aucun Métis, aucun catholique et aucun Autochtone. L'avocat de Riel plaide la démence. Il est pendu à Regina le 16 novembre 1885. Sur les 81 Amérindiens accusés, 44 sont jugés coupables et 8 sont pendus. Big Bear et Poundmaker, qui ont tout fait pour éviter le massacre de blancs, sont passibles de quelques années de prison. Ils mourront quelques années plus tard.
Au final, les colons voient certaines de leurs revendications accordées. Les Amérindiens paient cependant le prix fort, même si la plupart d'entre eux n'ont pas pris part à la rébellion. Ils sont traités comme une nation défaite. La politique d'assimilation est renforcée : ceux qui refusent de signer les traités sont poussés vers les réserves. Les enfants sont envoyés dans des pensionnats afin de détruire leur culture et de briser la structure familiale. Une loi interdit même les Autochtones de quitter leur reserve sans permission, les empêchant ainsi de visiter leurs enfants. Une partie des terres leur étant réservée est vendue. La tentative de convertir les Amérindiens à l'agriculture n'est pas un success. À tout cela, s'ajoute la maladie qui décime une partie de la population autochtone. Les agents des affaires indiennes font tout pour détruire la culture ancestrale. Les Métis, quand à eux, sont également ignorés. Quand ils obtiennent des titres fonciers, ils n'ont pas d'argent pour le faire fructifier.
C'est ainsi que se façonne l'histoire des Autochtones et des Métis en Saskatchewan. Leur rébellion ne leur apporte aucune considération de la part du gouvernement et on tente d'effacer leur culture. Les agents des affaires indiennes font souvent preuve de racisme et d'incompréhension à leur égard. Au final, leur rébellion profite plus aux colons, mais surtout au Canadian Pacific qui, au bord de la faillite, reçoit enfin du financement pour avoir transporté les troupes et « sauvé » le pays. C'est sur ces relations tendues et difficiles avec les Amérindiens qu'Amédée Forget devient lieutenant-gouverneur de la Saskatchewan.
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