Le baptême des voyageurs

À quel moment un homme devient-il officiellement voyageur? Au moment où il subit son baptême, bien sûr! À chaque année, les nouveaux voyageurs doivent passer par le rituel du baptême. C'est, en quelque sorte, leur « initiation ».
Il y a trois endroits, sur la route du voyageur, où le baptême a lieu. À l'époque où les canots partant de Montréal ne dépassaient guère les Grands Lacs, le rituel avait lieu à la « Pointe au baptême », au nord-ouest de l'emplacement actuel de la ville d'Ottawa. Plus tard, c'est plutôt à l'ouest du lac Supérieur que ce rituel avait lieu. En fait, seuls les hivernants, les hommes du nord, passaient ce point. Une fois ce passage franchi, il n'était plus possible pour le voyageur de retourner à Montréal avant l'été prochain. Les « mangeurs de lard » ne recevaient donc pas le baptême, marquant ainsi une distinction entre les deux types de voyageurs. Finalement, plus tard, un troisième endroit où pouvait avoir lieu le baptême se situait à quelques kilomètres du portage la Loche, le portage le plus long et le plus difficile. Traverser le portage la Loche était sans nul doute une étape cruciale dans la carrière d'un voyageur.

À chacun de ces trois endroits, on trouve un changement important dans le paysage. Par exemple, le portage la Loche est l'entrée dans le bassin de l'Athabasca et les prairies commencent un peu à l'ouest du lac Supérieur.

Le baptême du voyageur s'inspire du baptême chrétien, puisque les voyageurs sont des Canadiens français, donc en règle générale, ce sont des catholiques. Durant le rituel, les voyageurs plus expérimentés arrosent la tête des nouveaux voyageurs avec une branche de cèdre et de l'eau de la rivière. D'autres sont complètement immergés ou poussés dans l'eau. Certains récits disent aussi que la cérémonie est accompagnée de coups de feu, tirés à la manière des Indiens, c'est-à-dire un après l'autre, plutôt qu'à la volée, pour laisser le temps de recharger les fusils. Puis le nouvel initié devait répéter un serment de nouveau voyageur : toujours initier les nouveaux voyageurs et ne jamais embrasser la femme d'un autre voyageur sans sa permission (à elle). Enfin, tous les voyageurs célébraient l'occasion avec un petit coup de rhum.

Après ce baptême, le voyageur faisait officiellement partie du groupe et un sentiment de fraternité se développait entre tous les membres de la brigade.

Carte PODRUCHNY, Carolyn. Making the Voyageur World : Travelers and Traders in the North American Fur Trade, Toronto, University of Toronto Press, 2006, p. 52-85.




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